Vivre avec la surdité

Journée d'étude « Scolarité & surdité »

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Dans le cadre de la Journée Nationale de l’Audition du 2 mai 2018, l’AQEPA Provinciale a organisé une journée d’étude et de concertation entre parents, professionnels et chercheurs autour du thème « Scolarité et surdité ».  

La question concernant l’expérience des parents d’enfants ayant une surdité reste encore peu documentée. Pourtant, les parents se trouvent rapidement dans une situation remplie de décisions qui impliqueront l’avenir de leur enfant. Le mode de scolarisation pour l’enfant ayant une surdité va découler du choix de communication fait par les parents.

Cet événement, articulé autour d’une conférence et de trois table-rondes, avait pour objectif d’échanger sur les différents principes de scolarisation possibles pour les enfants sourds, que ce soit l’inclusion ou les écoles spécialisées (oralistes ou bilingues), et sur les problématiques qui y sont liées.

La conférence

Lors de la rentrée scolaire, les parents d’enfants sourds se posent plusieurs questions : quel est le meilleur choix pour leur enfant? Classe ordinaire ou classe spéciale? Quelle est la différence entre classe spéciale et école spéciale? Entre intégration scolaire et inclusion scolaire? Quels sont les accommodements que mon enfant peut obtenir dans sa classe? Y a-t-il un mode de communication à privilégier? Questions pour lesquelles il n’y a pas nécessairement de réponse exacte.

L’objectif de cette conférence était de présenter des éléments qui nourriront les réflexions des participants en regard de ces questions.

Durant la première partie de journée, France Beauregard, PhD professeure agrégée et Audrey Dupont, doctorante, toutes deux à l’université de Sherbrooke, ont donné une conférence pour tenter d’aborder ces différents questionnements.  

  • Dans un premier temps, elles ont présenté les résultats de recherche portant notamment sur les facteurs de réussite scolaire de l’élève sourd ; les motifs pour choisir la classe ordinaire ou la classe spéciale ; les perceptions des différents acteurs concernés par la réussite scolaire de l’enfant-élève sourd.
  • Dans un deuxième temps, elles ont décrit les modes de communication et l’organisation des services scolaires que l’on retrouve au Québec pour enfin aborder le plan d’intervention.

Les tables rondes

Avec cette journée, nous souhaitions mettre l’emphase sur les discours des parents d’enfants sourds, mais aussi des différents acteurs dans le domaine de la surdité en organisant un évènement se déroulant sur un principe de 3 tables rondes thématiques: l’entrée à l’école, l’accommodement scolaire et les pistes de réflexion.

Dans ce qui suit, nous vous présentons une synthèse des différentes problématiques soulevées durant cette journée et des premières pistes de solutions proposées.

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Le choix de l’école

Des parents ont exprimé ressentir certaines pressions de l’école, de la communauté sourde, des intervenants, etc. concernant le choix de l’établissement. Il peut arriver que l’école que les parents considèrent comme la plus adaptée pour leur enfant vivant avec une surdité se trouve à une grande distance du foyer familial.

Cette situation a pour conséquence de créer un éloignement émotif et physique et de pousser l’enfant dans une autonomie précoce. Il va être de la responsabilité des parents de gérer toute la logistique du transport de la maison à l’école.

  • En tant que parent, vous devez savoir que le choix de l’école de votre enfant vous revient. Les centres de réadaptation n’ont pas pour rôle d’orienter l’enfant vers une école ou une autre, mais ils peuvent vous renseigner et vous de donner de l’information.

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L’entrée à l’école

Diminution des services

Cette nouvelle étape comprend un certain nombre de changements, les services offerts à l’enfant peuvent diminuer. Les ressources sont inégales entre les régions, les centres de services scolaire, les écoles, et même à l’intérieur d’une même école. Il faut parfois que les parents allaient chercher en dehors du centre de services scolaire pour avoir certains services.

  • En tant que parent, vous devez vérifier la gamme de services auxquels votre enfant a droit. Ne vous limitez pas à ce qui est proposé dans votre région, regardez ce qui se fait ailleurs, et poussez des portes pour demander les services.
  • En tant qu’école, il est essentiel d’offrir des services en fonction des besoins de l’élève ayant une surdité, afin d’assurer son intégration.

Sensibilisation des établissements scolaires

La valorisation de toute personne différente dans les établissements scolaires doit passer par une sensibilisation auprès des camarades de classes à chaque rentrée mais également auprès des enseignants. En effet, il a été expliqué qu’au Québec,  certains enseignants en adaptation scolaire n’ont pas eu de formation portant sur la surdité, contrairement à l’Ontario où la formation est obligatoire.

  • Pour les parents et les équipes pédagogiques:

L’AQEPA met à votre disposition des outils et documents qui peut être utilisés lors de la première rencontre parents/ équipe pédagogique :

Difficultés d’accès au service de gardes

Lors des congés scolaires, il peut arriver que les parents qui travaillent l’été rencontrent de la difficulté pour avoir accès à un service de garde. Dans certaines écoles de quartier, des parents ne peuvent pas inscrire leur enfant au service de garde car il a moins de 5 ans. De plus, une fois sorti du CPE, si l’enfant va en prématernelle à 4 ans, il ne peut pas réintégrer le CPE.

  • En tant que parent, pour éviter les complications de réintégration de votre enfant dans sa garderie durant l’été, il peut être utile de faire signer une entente entre vous et la garderie.

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Les adaptations scolaires

La mise en place du Plan d’Intervention (PI)

Certains parents ne savent pas qu’ils doivent être présents lors de la mise en place du PI. En effet, celui-ci doit être établi par le directeur de l’école avec l’aide des parents de l’élève, de l’élève lui-même s’il en a les capacités et du personnel qui lui dispense des services. Le PI doit souligner les forces de l’élève, et non seulement ses faiblesses. Il faut aussi limiter le nombre d’objectifs sur les PI et exclure les hypothèses.

Établir un bon lien entre les parents et l’école est primordial. Il est avantageux pour chacun d’avoir des alliés à l’école et de développer une relation respectueuse avec le personnel scolaire.

  • En tant que parent, vous avez la possibilité d’inviter des intervenants du centre de réadaptation ou de l’OPHQ à la rencontre pour vous épauler dans l’élaboration et la mise en place du PI.
  • Pour les parents et les équipes pédagogiques:  L’AQEPA Estrie a conçu un Modèle de plan d’intervention pour vous donner un aperçu des différents éléments qui peuvent y apparaître.

Demandes d’accommodement

Il peut arriver que les demandes d’accommodement des parents soient refusées par la direction ou le centre de services scolaire. Tout élève doit pouvoir développer le maximum de son potentiel et avoir un parcours scolaire à la hauteur de son potentiel. Mais les ressources sont inégales entre les différents établissements scolaires.

Les différents établissements scolaires ne savent pas forcément ce qui se fait ailleurs, il faudrait un meilleur partage de mesures d’adaptation mises en place à travers le Québec.

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Au niveau collégial / universitaire

Au niveau collégial, l’étudiant ne bénéficie plus d’un PI. Des mesures d’adaptation assez semblables sont mises en place, mais le suivi est moins formel et réglementé. Le parent peut assister à la première rencontre avec l’équipe pédagogique si l’étudiant est d’accord, mais à cet âge, les informations sont confidentielles et l’étudiant n’est donc pas tenu de les transmettre à ses parents.

On constate que certains cégeps sont proactifs tandis que d’autres attendent que l’étudiant fasse les démarches; il faut donc s’informer sur le fonctionnement du cégep en question. Un étudiant en secondaire 5 qui a déjà été accepté au cégep doit communiquer avec le Centre collégial de soutien à l’intégration (CCSI) dont il dépend et demander d’ouvrir un dossier (Notez que c’est l’étudiant et non le parent qui doit envoyer le courriel).

Bien que les CCSI desservent les cégeps, il revient à chaque cégep d’évaluer les demandes de ses étudiants.

  • Pour les étudiants :
    • Au cégep : avant la rentrée, contactez le CCSI dont vous dépendez afin d’ouvrir un dossier pour coordonner la mise en place des services adaptés.
    • À l’université : avant la rentrée, contactez les services d’aide aux étudiants en situation de handicap de votre université afin de faire évaluer vos besoins et déterminer les mesures de soutien ou les aménagements à prévoir (interprète, preneur de note, passation des examens, ateliers etc…).

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Durant cette journée, les échanges furent riches et nombreux

Ils nous ont permis de recenser une première trame d’enjeux et de problématiques pour alimenter nos futurs travaux et de constater les besoins de sensibilisation et de partage de ressources existantes, tant pour les parents que pour les différents acteurs du milieu scolaire.

L’AQEPA Provinciale souhaite se saisir du grand dossier de la scolarisation et des services adaptés. Nous mettrons donc prochainement en œuvre un processus de concertation avec différents partenaires en vue d’émettre des recommandations et de développer des outils.

Pour vous aider, que vous soyez parent, étudiant ou membre d’une équipe pédagogique :

L’AQEPA a constitué une trousse remplie de documents, d’outils et de ressources pour vous aider à informer, sensibiliser, apprendre et adapter, selon votre rôle et votre situation. Découvrez notre trousse :

Si vous souhaitez obtenir d’autres informations à ce sujet, ou si vous êtes intéressés à participer aux réflexions autour du grand dossier de l’éducation, contactez-nous !

AQEPA Provinciale – Sarah Kirsch, chargée de projets

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