Vivre avec la surdité

Identifier des stratégies gagnantes pour un parcours scolaire idéal

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Extrait du numéro 216 de la revue Entendre : Les réussites des jeunes de l’AQEPA

Joël Monzée et Frédérick Besner, Institut du développement de l’enfant et de la famille

John Lennon racontait qu’un professeur lui avait demandé ce qu’il voulait être plus tard. Il répondit « Heureux ». Le professeur s’insurgea « vous n’avez pas compris la question! ». Ce à quoi il répondit « Vous n’avez pas compris la vie, monsieur! »

Des enfants stressés

Depuis 1992, on assiste à une augmentation régulière du nombre d’enfants et d’adolescents tenus de prendre une médication pour pallier leurs difficultés d’apprentissage. Dans de nombreux cas, on fait dire à la science ce que la science n’a jamais dit, afin de s’assurer du consentement au support pharmacologique. C’est ainsi que nous voyons de plus en plus d’enfants supportés par un psychostimulant ou un antidépresseur pour disposer de meilleures aptitudes à s’adapter à leur environnement familial ou scolaire. Les psychotropes étant efficaces pour normaliser le comportement, on regarde de moins en moins ce qui nourrit les débordements émotionnels de nos enfants et de nos adolescents. La question de la médication est d’autant moins anodine quand elle touche la communauté des sourds et des malentendants.

La langue des signes est une grande richesse pour permettre la communication. Comme la grande majorité des personnes ne signent pas, ceux qui ont des difficultés à entendre sont – pour le meilleur et pour le pire – amenés à utiliser la biotechnologie pour faciliter leur insertion sociale. Toutefois, l’implant et les appareils (ceux de l’enfant ou les système MF) n’offrent pas encore une optimisation dans les nuances du son pour une discrimination idéale. Les ondes sonores sont parfois dissonantes, sans compter le bruit de fond. Alors, l’enfant se fatigue à force d’efforts pour discriminer les sons, puis il part dans la lune pour se reposer un peu. Il peut être facilement distrait par les bruits environnants, l’école étant un lieu tellement bruyant. Alors, il cherche éventuellement l’attention pour que la personne qui lui parle le regarde, ce qui permet aux appareils de mieux fonctionner. Il bouge parfois avec plus de passion que d’autres pour exprimer ses émotions… Et cela, sans compter les effets du stress dûs aux apprentissages, des réalités affectives de chacun ou de l’anxiété de performance qui influent, comme pour de nombreux enfants, sur la capacité de rencontrer adéquatement leurs défis.

Quels sont leurs besoins?

L’un des pires drames des enfants, c’est qu’ils croient ce qu’on dit d’eux. Nos reflets, bienveillants ou destructeurs, vont avoir un effet sur leur personnalité et leur capacité à relever des défis. L’effet Pygmalion fera en sorte qu’ils s’identifient à ce que l’on dit d’eux. Albert Einstein défendait l’idée que « tout le monde est un génie. Toutefois, si vous jugez un poisson sur ses capacités à monter dans un arbre, il croira durant toute sa vie qu’il est stupide. » Et si les moyens offerts tiennent compte des limitations tant des adultes que du système qu’ils ont mis en place au lieu de se centrer sur les réels besoins des enfants, est-ce qu’on leur permet de réussir leur vie sur une base saine et sereine?

Quelque part, on peut s’interroger sur le sens de la réussite. De leur réussite.

Réussit-on sa vie si on obtient une place au soleil financièrement ou en étant heureux? Cela dit, qu’est-ce qui rend heureux? Est-ce ce que l’on est, ce que l’on fait ou ce que l’on a? Quelle est la place du bonheur dans nos vies? Comment le décrire? Comment l’atteindre? Sans diplôme, il est difficile de trouver un emploi stimulant, même à son propre compte. Mais, ce diplôme, quel prix sommes-nous prêts à payer pour l’obtenir? Toutefois, est-ce que le diplôme permet une réalisation de soi ou une simple normalisation sociale?

Excepté dans nos rêves, il y a rarement de lignes droites dans la vie. Vous en savez quelque chose. Il y a de multiples embuches. Pour un enfant qui a des besoins particuliers, les défis sont encore plus colossaux. Heureusement, il y a des gens extraordinaires mus par leur vocation. Il y a des parents et des enseignants profondément dévoués au bien-être des enfants… Il y a malheureusement aussi des familles et des équipes écoles en difficultés, voire en détresse. Chacun affecte le devenir de l’enfant aux besoins particuliers. Il s’agit dès lors d’essayer d’identifier les stratégies gagnantes dans le duo famille-école afin d’encourager les bonnes pratiques pour soutenir le développement de l’enfant et de l’adolescent affectés par des difficultés auditives.

C’est l’objectif de notre projet de recherche: identifier les défis et recenser ce qui a pu soutenir ou ralentir la progression des apprentissages scolaires de vos enfants et adolescents, sourds ou malentendants.

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